La communication d'Anne Delvingt « ( Isaac Bullart et son Académie des Sciences & des Arts (1682 ). Un réseau d'information au service de l'histoire des " Peintres a permis de connaître » un peu mieux la figure d'Isaac Bullart et ses méthodes de travail. Son ouvrage, en deux tomes, n'a été publié que de façon posthume à Bruxelles, Amsterdam et Paris. Dans un projet très - voire trop - ambitieux, Bullart y rassemble les biographies de deux cent soixante dix-neuf personnages qu'il juge illustres dans différentes matières des Sciences et des Arts et qu'il réunit par domaine d'activité. Ainsi, le premier tome comprend aussi bien ceux qui se sont distingués dans la Politique et l'Histoire, les Jurisconsultes, les Grammairiens, que les « Peintres, architectes et statuaires de l'Italie » (chapitre basé sur Vasari).

Le second tome aborde successivement les Théologiens, Mathématiciens, Astrologues, Médecins, Imprimeurs, Géographes, Musiciens ou Poètes. Ces « Peintres illustres des Pays-Bas et en deçà des Monts » correspondent précisément à l'intitulé du VIe livre (cet « en deçà des monts » excluant l'Italie mais incorporant la Lorraine, à travers Callot). Bullart y regroupe quarante-huit notices biographiques dont celle de l'architecte Jacques Francart qui est « aussy » connu comme peintre. Quarante-trois de ces artistes sont natifs des Pays-Bas du Sud ou du Nord, et trois (Dürer, Aldegrever, Holbein) sont allemands. Hormis le lorrain Callot, le seul français est curieusement Simon Vouet, ce qui peut s'expliquer par la date de rédaction de ces notices. On peut y distinguer deux groupes inégaux. Le premier comprend trente-cinq artistes actifs entre le XVe et le début du XVIIe siècle, don't les notices, tirées de Van Mander qu'il traduit et adapte, sont chacune illustrée d'une gravure de Hondius empruntée à son recueil de 1610 (lui-même les avaitmreprises d'un ouvrage de 1572). Le second ensemble, nettement plus intéressant regroupe treize biographies originales, comportant de un à trois feuillets, dont seules les gravures proviennent de l'Iconologie van dyckienne. On y retrouve les noms de M. Ryckaert, P.-P. Rubens, A. Van Dyck, W. Cobergher, T. Rombouts, T. Boschaert, Daniel Seghers 2, etc. Les erreurs y sont rares, grâce à la qualité de son réseau et de ses sources d'informations. A. Delvingt rappelle qu'Isaac Bullart (1599-1672), qui a commencé sa carrière à Bruxelles, ne tarde pas à s'installer à Arras où ses liens familiaux avec Cobergher lui permettent d'obtenir successivement le poste de Grand bailli du Monastère de Saint-Vaast puis de Directeur du Mont-de-piété. Il sera même fait chevalier de l'Ordre de Saint-Michel en 1647. Une partie de ses informations lui parvient par l'intermédiaire de sa femme, Anne Françoise de Bruyns, une dessinatrice et peintre qui a étudié sous J. Francart, son cousin germain. Mais il s'appuie aussi sur une correspondance entretenue notamment avec le peintre marchand Matheus Musson qui lui fournit, dès 1647, des informations sur des artistes qui ne sont pas cités par Van Mander ou Sandrart. Dans son Avant-propos, son fils ne manque pas d'insister sur l'antériorité (« plus de 40 ans ») des recherches de son père don't Félibien, qui l'expédie d'une note marginale comportant une erreur typographique probablement volontaire, ne s'est pas seulement servi comme traducteur. L'ingratitude de Félibien expliquant sans doute la minceur des mémoires manuscrits du fils consacrés à des artistes français et qui sont conservés à la Bibliothèque municipale de Lille. En conclusion, A. Delvingt estime que le jugement esthétique porté par Bullart est avant tout celui d'un lettré : le peintre y est « industrieux et laborieux » (au sens de productif). A la suite de Van Mander, il semble aussi vouloir attacher un genre pictural à chaque peintre, usant d'un déterminisme géographique : Brueghel et les scènes campagnardes, les Hollandais doués pour les marines, etc. Mais s'il ne pose aucune hiérarchie, il souligne la diversité de l'art nordique et plus précisément flamand, lieu de naissance de la peinture à l'huile et celui où l'on peut tout peindre. [tratto da: Comptes rendus Histoire de l'histoire de l'art septentrional au XVIIe siècle

Les Nouvelles de INHA(Institut national d'histoire de l'art)/octobre 2006/trimestral)